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M. Inoussa Njumboket : « Le wwf entend renforcer la collaboration avec les parties prenantes, les institutions de recherche, les universités d’Etat, les communautés locales, les administrations sectorielles, les agences de conservations, le secteur privé, et d’autres partenaires techniques et financiers, pour qu’ensemble on puisse atteindre les objectifs fixés dans le volet de la conservation ».

M. Inoussa Njumboket  est l’Assistant Technique de l’Ong internationale wwf en République démocratique du Congo. Le reporter de votre hebdomadaire s’est entretenu avec lui, le jeudi 25 mai 2023 sur les deux questions parmi tant d’autres qui font l’actualité dans le secteur de l’environnement.

Info-Environnement : M. le Coordonnateur National, quelle lecture faîtes-vous en ce qui concerne la conservation de la nature en République démocratique du Congo ?

M. Inoussa Njumboket : M. le journaliste Merci pour cette question. Le WWF entend renforcer la collaboration avec les parties prenantes dans le volet de la conservation, dans les institutions de recherche, des universités d’Etat, les communautés locales, les administrations sectorielles, les agences de conservations, le secteur privé, et d’autres partenaires techniques et financiers pour qu’ensemble on puisse atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés.

Actuellement, au Bassin du Congo on assiste à une stabilisation et/ou à une augmentation de nombre des pachydermes, notamment les éléphants en Afrique de l’Ouest, que ce soit au Ghana, au Boukinafasso. Ce dernier temps, on signale la présence des éléphants dans les grandes villes. Ils partent à une centaine de kilomètres des parcs les plus proches pour se retrouver en pleine ville, par exemple au Cameroun, au Ghana, la RDC n’est pas en reste. Car, un éléphant est sorti de la forêt de Mayombe pour se retrouver en ville dans les localités du Kongo central. Cela témoigne de l’efficacité du bon résultat engendré dans le domaine de la conservation.

Info-Environnement : Que comptez-vous faire pour capitaliser cet acquis que vous veniez d’enregistrer dans votre secteur ?

M. Inoussa Njumboket : Certes, les résultats sont là. Il reste à le maintenir et je pense que c’est le plus difficile.  Il faut tout le temps un arsenal des mesures à mettre en place pour conserver cette population animale, notamment dans la lutte anti-braconnage, la conscientisation des communautés riveraines, évidemment les autorités, l’application de la loi en tant que telle dont il faut renforcer. Il s’agit ici de l’application de la loi sur la conservation et toutes les lois qui sont émises pour pouvoir maintenir la biodiversité en place. En d’autres termes c’est de trouver des moyens nécessaires financiers et humains à pouvoir sauvegarder cet acquis-là. C’est pour cela que je dis, c’est le plus difficile. Comment est-ce qu’on peut faire pour détourner l’attention des personnes intéressées à toutes ces populations, à toutes ces ressources animales ? Comment mieux le soustraire de ses habitudes qui sont les fléaux tant pour les écosystèmes que pour les hommes, et même pour les Etats ? Donc, il faut renforcer d’autres mesures alternatives, notamment l’écotourisme doit être promis. Ceci n’est pas simplement l’affaire de l’Etat, c’est aussi l’affaire des partenaires au développement. Parce qu’une communauté riveraine, qui ne va pas en guerre contre ce genre d’espèce peut mieux capitaliser, et la valoriser. Et cela exige une surveillance communautaire dans la zone.  Voilà de façon générale ce que nous pourrions faire dans ce volet. C’est-à-dire conscientiser les gens, au lieu de les sensibiliser. En effet, si ces gens (les communautés riveraines) comprennent l’état de leur situation, créent de la richesse à travers les initiatives d’écotourisme. Et si de son côté l’Etat met la main et  facilite les choses, on peut créer des entreprises communautaires. Pour ce faire l’Etat doit mettre de bonnes conditions du climat des affaires pour susciter ce genre d’intérêt. C’est en ce moment que les partenaires techniques et financiers peuvent venir pour appuyer de telles initiatives.   Bref, une communauté qui est conscientisée et qui connaît l’état de la ressource dans sa forêt, dans son environnement peut mieux enclencher un tel processus. Certes, nous devrions juste nous focaliser sur cette espèce qui peut être valorisée.

Info-Environnement : Parlons pour l’instant du Décret du Premier Ministre Sama Lukonde portant composition, organisation du Conseil Consultatif National des Forêts (CCNF) qui fait parler. Quel est votre avis ?

M. Inoussa Njumboket: Nous en tant que WWF, nous sommes fidèles à notre façon de travailler. Le Conseil Consultatif National des Forêts est un instrument. A notre entendement le CCNF est un outil d’aide à la décision. Il peut réguler le secteur forestier. Maintenant, au-delà de ça le plus important c’est les responsabilités dévolues aux membres ou personnes qui constituent le conseil. Quelles sont les attributions ? Quelles sont les responsabilités ? Qu’est-ce que ces personnes du CCNF devraient faire pour que le climat dans le secteur forestier soit assaini ? Pour nous, c’est ce dernier élément qui est le plus important parce que la gouvernance du Conseil Consultatif, cela ne nous intéresse pas assez. Mais c’est le contenu de ce Décret qu’il faille mettre à exécution. Une fois ce Décret est mis en œuvre, on pourrait se demander, est-ce qu’il va assainir le secteur forestier ? Est-ce que les choses peuvent être mieux gérées de manière à conserver la ressource dans ce secteur ? Certes, nous sommes bien au courant des discussions au niveau national qu’il y a autour de ce Décret ; toutefois nous voulons mettre en pratique les points saillants du Décret ainsi que ses mesures d’application qui vont arriver. Par exemple, dans la filière bois du Bassin du Congo, on a plus de 50 millions d’hectares de concessions forestières gérées avec des plans d’aménagement durable.  Le plan d’aménagement durable s’avère maintenant comme un excellent outil de planification de la récolte. Même si ces genres d’outils doivent être affinés. Ça c’est le grand sujet sur lequel le CCNF de la RDC devrait s’atteler. Les mécanismes de contrôle de la légalité de production qui ont été mis en place dans les années passées au travers par exemple des APV, plus certaines démarches volontaires de certifications dont le Gouvernement n’a jamais mordu à l’hameçon ici, ce sont là les grandes problématiques que nous pouvons discuter dans un tel cadre ainsi que l’harmonisation des lois au sens strict ; ce que par exemple prône la COMIFAC, l’interdiction d’exportation des grumes, la valorisation proprement dite de la ressource ligneuse, la zone économique industrielle, ce sont des grands aspects sur lesquels le CCNF devrait discuter ensemble avec les acteurs de la société civile, voir si cela peut être applicable. De plus, l’autre aspect sur lequel on peut mener des discussions dans le cadre du CCNF c’est par exemple, comment encadrer la filière bois d’œuvre destinée aux marchés locaux qui représentent une part significative de prélèvement de bois dans les différentes forêts de la RDC, pourtant met en péril la durabilité de la ressource forestière et surtout sans retombée directe pour l’Etat et les communautés locales. Ce sont là des problématiques fortes sur lesquelles le WWF ne peut pas porter des solutions tout seul. Le WWF souhaiterait que l’ensemble des acteurs de ce secteur puissent discuter. Et je suis convaincu qu’au sein du Conseil Consultatif National des Forêts, on peut discuter ensemble avec l’Etat au travers du Ministère de l’environnement et développement durable pour trouver des solutions idoines.

Propos recueillis par

Jean Bernard MUSAMU

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