Journées de sensibilisation des parlementaires sur les risques climatiques et leur rôle, Gervais Ludovic Itsoua en fait l’économie
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Le Coordonnateur Hub régional pour la transparence de l’action climatique en Afrique centrale de la Commission économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac), M. Gervais Ludovic Itsoua nous a fait l’économie des journées de sensibilisation des parlementaires sur les risques climatiques et leur rôle crucial qui se sont déroulées à Brazzaville en République du Congo, du 10 au 12 août 2024.
Ci-après l’intégralité de cette interview qu’il a accordée à votre hebdomadaire.
Pour rappel, vous savez déjà que nos pays ont signé ce qu’on appelle l’accord de Paris dans le cadre de la Convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique. Et dans le cadre de cet accord de Paris, nos pays ont des obligations. Et il y a des objectifs globaux qui ont été fixés au plan mondial, c’est-à-dire réduire les émissions de gaz à effet de serre et le monde doit prendre une trajectoire de développement pour la diminution des gaz à effet de serre qui doit limiter le réchauffement global à 1,5o.
Et donc, depuis qu’on a signé l’accord de Paris, les pays ont pris l’engagement dans le cadre de leurs différentes conditions déterminée à l’échelle nationale (Cdn). Ils doivent donc mettre en œuvre certaines choses sur le terrain. Du retour, quand on fait des compilations desdites données, il se trouve qu’on n’est pas sur la bonne trajectoire pour atteindre l’accord de Paris. Il y a nécessité de renforcer l’action climatique pour que nous restions dans la trajectoire de réchauffement global à 1,50 C et les pays prennent des mesures pour agir et que le financement puisse arriver pour actionner l’action climatique.
Et donc lorsque le constat montre que nous ne sommes pas sur la bonne trajectoire il faut chercher des options qui peuvent permettre aux pays de redresser la barre. Il y a eu un bilan mondial à Dubaï l’année dernière lors de la Cop 28 qui a présenté les conclusions, cinq ans après la mise en œuvre de l’accord de Paris. Et sur cette base, il est clair qu’il y a nécessité de renforcement de l’action climatique.
Quand on parle par exemple de Cdn que nos pays ont pris eux-mêmes volontairement comme engagements, les pays disent pour atteindre cette cible de réduction, ils ont des obligations inconditionnelles, des choses qu’ils doivent faire où ils n’ont pas besoin de l’apport de quelqu’un. Eux-mêmes le font. Mais, il y a des choses que nous voulons faire, si nous recevons de l’appui extérieur.
Et donc, cette année les pays doivent présenter ce qu’on appelle des rapports biennaux de transformation de l’action climatique. C’est ce que les pays font. Parmi ça, il y a le rapport de la Cdn. Et en ce qui concerne la Cdn vous devrez être capables de dire ce que la RDC, le Gabon, la Guinée Equatoriale par exemple, ont promis de faire.
Et maintenant qu’on arrive à la fin de la période de mise en œuvre, voici ce que nous avons mis. Voici ce que nous n’avons pas pu mettre. Le bilan global qui pose problème, il faut rechercher de solutions.
Comment accélérer l’action climatique ? Alors l’un des partenaires stratégiques dans cet exercice, c’est les parlementaires. Les parlementaires sont les élus du peuple que nous à la base, nous votons pour qu’ils partent nous représenter au niveau du parlement, et ils votent le budget. Ils votent les lois qui vont gouverner la gestion de la cité. C’est ça le rôle du parlementaire. Un parlementaire peut aussi proposer les lois. En RDC par exemple, la société civile peut s’organiser pour pouvoir initier un projet de lois qu’elle pourrait donner au parlementaire, et le parlementaire à son tour se proposera à la défendre au parlement.
Si nous n’arrivons pas à bien lutter contre le changement climatique, il se pourrait qu’il y a : un problème des lois, de budget et peut-être de volonté des hommes politiques.
Et donc, cette formation visait donc à sensibiliser les parlementaires de l’Afrique centrale. Le monde est en train de vivre les changements climatiques. Quels sont ces changements ? Comment ça se manifeste ? Il y a eu un volet où nous avons montré, comment dans la sous-région Afrique centrale, dans nos pays, les précipitations sont en train de changer. On a les pluies qui venaient en octobre maintenant ça vient en fin de novembre, décembre. Tout ça on en a expliqué aux parlementaires.
Après nous avons dit aux parlementaires, il y a une étude qui a été menée à l’échelle du continent africain qui montre comment les parlementaires peuvent s’impliquer. Pourquoi les parlementaires ne s’impliquent pas trop dans l’action climatique. Quelles sont les limites d’implication des parlementaires ? Les conclusions de cette étude ont donc été présentées ici aux parlementaires pour qu’ils se retrouvent. Le consultant qui a mené cette étude est passé ici, à Brazzaville, à Kinshasa, ou au Cameroun et dans certains pays. Il fallait leur présenter cette étude, et discuter avec eux pour savoir si les conclusions reflètent la réalité que vous vivez dans les pays. Donc, il y a eu ça. C’était des discussions très intéressantes. Nous avons eu à côté de ça le fait qu’il fallait rappeler aux parlementaires la convention cadre des Nations Unies sur le changement climatique. Quelles sont les obligations ? Qu’est-ce que les pays ont accepté de faire ? Il fallait leur rappeler tout ça. Et sur cette base, les parlementaires, pourraient avoir des échanges d’expériences entre eux sur ce qui se fait en RDC par les parlementaires pour renforcer l’action climatique. Sur ce qui se fait au Gabon, sur ce qui se fait à Sao Tomé-et-Principe, ce qui se fait au Burundi. Donc, les parlementaires ont eu des échanges sur les questions de réglementations, sur les questions de financement, sur les questions d’arrangements institutionnels, etc., dans le cadre de la lutte contre le changement climatique dans leurs pays respectifs.
Fort donc de ces échanges d’expériences, il faut réfléchir comment on se positionne ? Qu’est-ce qu’il faut pour que les parlementaires puissent effectivement jouer leurs rôles ?
Nous avons donc proposé à la suite des discussions, (eux-mêmes ont proposé) il y a des axes de renforcement des capacités, de financement climat, des finances carbone, de négociation, de suivi des rapports au niveau national, de discussions entre les parlementaires et le gouvernement, etc. Donc, un package comme des résolutions qui ont été prises. Et à côté de ça, il y a eu un fait majeur. Les parlementaires se sont dit, pour que nous réussissions notre action, il faut qu’on encourage l’échange d’expériences entre nous. Et comme c’est assez difficile de laisser ça comme ça, ils ont dit nous allons créer un réseau des parlementaires sur la question de changement climatique. Donc, c’est parmi les grandes conclusions, qu’on a prise ici à Brazzaville.
Les parlementaires ont pris l’engagement de se mettre ensemble et de continuer à échanger à faire l’inventaire d’expérience pour mieux jouer leur rôle. Les parlementaires ont dit que nous sommes là, nous connaissons ce que nous avons à faire, est-ce qu’il y a moyen de nous montrer comment on peut arranger ça chez nous. Il y a eu de discussion sur cet aspect de chose.
On retiendra que le Hub régional pour la transparence de l’action climatique en Afrique centrale est une initiative de la commission de la communauté économique pour les Etats de l’Afrique centrale (Ceeac). M. Gervais Itsoua est le vice-président du GIEC (Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat).
En conclusion, un programme de formation des parlementaires va être élaboré. Il prendra en compte toutes ces questions. Voilà un peu l’économie de ces trois journées de travail que nous avons eues ici à Brazzaville sur ces journées des parlementaires sur le changement climatique.
Jean Bernard MUSAMU