Forêt

Les défis relevés par Eve Bazaïba Masudi à la tête du ministère de l’Environnement et développement durable

Légende : Eve Bazaiba, Minetat en charge du l’Edd

Dans la législature écoulée, plusieurs observateurs de la vie politique congolaise ne cessaient de s’interroger si un jour le ministère de l’Environnement et développement durable (Medd) pouvait bénéficier d’un leadership capable de l’aider à relever d’innombrables défis qui l’accablent. Car, en effet, ceux qui ont eu la chance de présider à sa destinée se sont distingués par des attitudes comportementales difficiles à qualifier, du genre : à son arrivée, l’on annule les actes posés par son prédécesseur et jugés d’illégales ou d’immorales avec tambours battants et trompettes, mais à sa sortie, l’on reprend les mêmes actes que l’on a reprochés. La chaine des dirigeants qui ont offert ces spectacles macabres est assez longue et Dieu seul sait quand cela pourra prendre fin.

Ceci dit, revenons aux défis relevés espérant que l’actuelle cheffe du département ministériel de l’Environnement et développement durable va être en mesure de faire face encore aux autres bravades.

De manière générale, le principal défi était d’organiser les états généraux des forêts de la RDC. Si l’on se souvient que c’est depuis la conférence nationale souveraine (CNS) aux années 1990 qu’une recommandation d’organiser ces états généraux a été faite, d’une part, et qu’un nombre impressionnant des ministres se sont succédés à la tête de ce ministère, d’autre, on va apprécier à sa juste valeur le mérite de cette dame qui a réussi contre vent et marais à organiser les fameux états généraux des forêts de la RDC.

Autre défi était de concevoir et de mettre en place des politiques sectorielles (environnementale, forestière, en eaux et de la biodiversité), notamment la politique forestière et ses stratégies appropriées. Il ne faudrait pas perdre de vue ici que c’est depuis 1975, année de la création de ce ministère, que chaque responsable qui arrive déclare qu’il va offrir à la République Démocratique du Congo la politique forestière mais il laisse son poste sans y parvenir. Mais elle est en train de réussir ce pari. Car, avant fin décembre 2024, la politique forestière sera là.

Autre chose est qu’elle a réussi à arracher, pour la toute première fois de l’histoire, les fonds des crédits carbone forestier de la RDC.

Plusieurs autres défis doivent être relevés par la RDC dans les secteurs de l’environnement, forêts, eaux et diversité biologique, au cours des cinq prochaines années. Il s’agit notamment de :

  1. Rendre rapidement plus efficace l’Administration publique en charge d’environnement, forêts, eaux et biodiversité, en finalisant la réforme institutionnelle du MEDD. Cette réforme a pour but de transformer les structures du MEDD et de ses établissements publics sous tutelles à tous les niveaux central, provincial et des entités territoriales décentralisées (ETD) en véritables fournisseurs des services de qualité, qui motivent l’investissement et justifient le paiement des taxes et autres contributions ;
  2. Payer toutes les contributions financières ou arriérés de contributions aux conventions et traités internationaux, régionaux et sous régionaux qui empêchent au pays soit de jouer un rôle attendu de lui dans le concert des nations (des rencontres), soit de bénéficier des financements conséquents en rapport avec sa taille de 2ème poumon de la planète, à l’instar notamment de l’Organisation internationale du bois tropical (Oibt) où notre pays pour n’avoir, semble-t-il, pas honoré les arriérés d’un montant total d’environ 3 millions de dollars E-U sur la période 1900-2024, ne sait pas accéder au financement de ces projets dont le portefeuille s’élève à plus 9 millions de dollars E-U. Ceci à en croire le mémorandum d’information sur la coopération entre Oibt-RDC ;
  3. Mobiliser les ressources financières internes et externes utiles à cet effet.

C’est ainsi que pour donner un signal fort à l’échelle nationale, ce qui pouvait être fait dans l’urgence serait notamment l’organisation d’une administration capable de gérer le domaine Environnement où il sera question de l’analyser secteur par secteur, à savoir : (i) environnement-cadre de vie du peuple congolais ; (ii) forêts ; (iii) eaux et (iv) biodiversité. De cette façon, les options seront prises de manière participative et holistique avec toutes les parties prenantes sur ce que le pays veut par exemple dans :

  1. Le secteur de l’environnement-cadre de vie pour la gestion des déchets municipaux (liquides comme solides) qui, loin d’être une nuisance des habitants comme c’est le cas présentement en RDC, constitue, en cas d’une bonne organisation, une source par excellence d’enrichissement pour les municipalités et à travers elles pour les nations. Cela offrirait au pays une possibilité de mettre en place un dispositif organisationnel permettant un traitement sélectif des déchets en déchets biodégradables générateurs d’engrais organiques ; en déchets recyclables produisant d’autres produits de substitution ; et en déchets divers non biodégradables à incinérer pour la production de l’électricité. Les revenus de tous ces modes de traitement des déchets permettraient de renflouer les caisses de l’Etat.
  2. Le secteur forestier où l’exploitation forestière tant industrielle qu’artisanale en RDC actuellement divise les opinions des toutes les parties prenantes (Etat congolais, société civile, secteur privé et bailleurs des fonds ou partenaires techniques et financiers) alors qu’il faudrait un minimum de consensus sur cette problématique aux fins de garantir une gestion durable des ressources forestières. Ceci éviterait que tous les bois qui sortent du pays ne soient considérés comme illégaux et dévastateurs des forêts responsables des changements climatiques par une certaine opinion. Ce qui contribuerait à cette recherche indispensable du consensus sur l’exploitation forestière du pays qui passerait entre autre part par :
  3. l’élaboration de la Politique Forestière de la RDC ainsi que par la révision du Code forestier de 2002 ;
  4. la finalisation du processus de levée du moratoire sur l’attribution des nouvelles concessions forestières ;
  • la poursuite des travaux des inventaires multi-ressources sur les forêts du Congo ;
  1. l’application de la légalité sur la réalisation des plans d’aménagement forestier des concessions forestières déjà attribuées aux tiers ;
  2. la formalisation de l’exploitation forestière artisanale en RDC ;
  3. l’actualisation de la fiscalité forestière ;
  • la promotion de la transformation de bois à valeur ajoutée ;
  • la promotion de nouvelles essences forestières commerciales ;
  1. la promotion des meilleures techniques de l’utilisation durable du bois énergie ;
  2. la promotion et mise en œuvre des modèles locaux et communautaires de gestion des forêts ;
  3. la consolidation du système des statistiques des ressources forestières ;
  • l’élaboration de la politique, du plan national et des normes de reboisement ;
  • la restauration de paysages forestiers dégradés conformément au défi de Bonn sur l’ensemble du territoire national ; et enfin
  • la problématique de la contribution du secteur forestier au budget national.

Au vu de ce qui précède, il est souhaitable que madame la ministre d’état Eve organise une évaluation des niveaux technique et financier de coopération du Medd avec ses partenaires pour toutes les conventions et traités auxquels notre pays est parti en matière de l’environnement, forêts, eux et biodiversité. Puis proposer une réforme du domaine tendant à rompre avec le système ancien de protection de l’environnement et gestion durable des ressources naturelles renouvelables caractérisé par un disfonctionnement.

Ma Mpembi a Kasenga

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